La Prochaine Génération : Les Petits Coups de la Gravité

19/12/2007

La Vie d’Ekklesia

L’espèce humaine a été créée pour un seul but : l’amitié avec Dieu.

Une fois, dans un endroit pas très loin et un temps pas si lointain, l’homme et la femme vivaient avec leur Créateur dans un état de contentement paisible et de soumission aimante. Ils expérimentèrent Son amour et attention chaque seconde de la journée et dans chaque pied carré de leur paradis. Ils perdirent toute leur raison d’existence avec une tentative tragique et stupide d’être leurs propres dieux. Et cela n’a pas fonctionné. Les humains ont lamentablement échoué à être des mini-divinités indépendantes.

Mais, dans une étonnante démonstration de créativité et d’amour, Dieu donna à l’humanité une seconde chance à l’amitié. Il commença en se présentant en Personne et en marchant littéralement avec quiconque était assez humble pour apprécier l’opportunité. Après l’accomplissement de Son dessein par la croix, Il retourna au ciel. Mais Dieu n’est pas simplement resté là, situé dans une dimension inaccessible en dehors de notre univers. Au lieu de cela, Il se répandit sur chaque homme et chaque femme qui était enfin prêt à entrer dans l’amour, la soumission et la confiance que leur espèce avait rejetés dans le Jardin.

Dieu créa un nouveau paradis, un nouveau lieu pour marcher dans l’amitié avec l’homme. Cet endroit était connu sous le nom d’ekklesia, l’église. C’était construit à partir d’un réseau de vies entrelacées, reliées entre eux quotidiennement par un attachement commun à Jésus et à l’un l’autre.

Le Christianisme à l’époque était différent de ce que le monde avait vu depuis Eden. C’était sans précédent dans l’histoire : Une race de gens qui cédaient leur autonomie et qui accueillaient leur Créateur à se déplacer dans les petits coins et recoins de leur vie quotidienne. Pas plus qu’ils ne cherchaient à Le renfermer à quelques jours spéciaux ou à une poignée d’endroits spéciaux. Pas plus qu’ils créèrent des hommes spéciaux comme tampons pour s’interposer entre eux et leur Dieu. Maintenant, tous les jours appelés « aujourd’hui » étaient spéciaux. Chaque endroit où l’ekklesia posait ses pieds, que ce soit « en public » ou « de maison en maison » était saint/sacré. Chaque membre, « du plus petit au plus grand, » était un « prêtre royal. »

Les résultats étaient tout simplement incroyables.

Les gens, qui autrefois étaient remplis de haine, d’égoïsme et d’amertume, s’aimaient maintenant désespérément. Les gens, qui autrefois étaient réduits en esclavage par toutes sortes de passion et de plaisir vivaient maintenant dans la liberté glorieuse. Ceux, qui autrefois adoraient des pierres et des bâtons avaient maintenant une connaissance intime du Dieu Vivant.

L’ekklesia était le Paradis rétabli au milieu d’un monde déchu. C’était le « paradis » pour la même raison qu’Eden l’avait été : Les hommes et les femmes pouvaient trouver leur Créateur et « marcher avec Lui dans la fraîcheur de la journée. » Le Paradis ne voulait pas dire « utopie », bien sûr. Les problèmes se produisaient. Mais l’ekklesia fournissait un terrain où les problèmes pouvaient être résolus. Les lettres des apôtres aux ekklesias locales occupant les villes de l’empire Romain étaient pleines d’enseignements pratiques et de directives sur la façon de résoudre les causes de la confusion ou du désordre. Et les gens écoutaient. Même chez les plus faibles, les plus immatures des assemblées locales, les gens surmontèrent tous les obstacles pour éprouver la vraie Vie (voir, par exemple, 2 Corinthiens 7:5-16).

L’église du premier siècle s’élançait dans les nuages avec Dieu sur des ailes d’aigle. Mais la force de gravité n’est jamais partie. Le monde déchu—avec ses notions de religion païennes et ses valeurs charnelles d’indépendance et d’auto-indulgence—n’a jamais cessé de « tirer les croyants par la manche », à petits coups, en essayant de les faire glisser vers le bas, dans le royaume de l’humanité déchue, une fois de plus. Pour une génération ou plus, c’était comme si l’ekklesias défiait la gravité. Et vraiment, ils auraient pu garder la flambée de plus en plus élevés avec Dieu, s’ils avaient choisi de le faire, jusqu’au retour de Jésus. Mais comme le siècle se terminait, le Nouveau Testament porte témoignage que la gravité du monde commençait à avoir un effet.

Juste avant l’année 70, six personnes d’une stature spirituelle extraordinaire—un d’entre eux avec une stature tout à fait étonnante—écrivit des lettres d’avertissement de déclin et, exhortant les ekklesias à prendre leur foi à un niveau supérieur à celui qu’ils aient jamais connu. Ces lettres constituent onze des derniers livres de notre Nouveau Testament.

Paul

Paul avait été le persécuteur le plus féroce des ekklesias. Mais après que Jésus l’ait fait tomber de son cheval, littéralement, Paul devint leur plus dévoué serviteur. Dans une étonnante volte-face, l’homme qui avait consacré sa vie à l’écrasement des ekklesias, reçut l’assignation radicalement différente d’établir et de renforcer les nouvelles ekklesias dans le monde Romain.

La fin de l’existence terrestre de Paul était désormais proche. Bientôt, il allait mourir de la main d’un bourreau Romain. Mais d’abord, il écrirait trois lettres à Timothée et Tite, des frères qu’il estimait fidèles et talentueux, pour les aider à poursuivre le travail de l’Évangile. Il remplit ces lettres avec des notes de préoccupation et d’alarme quant à la direction vers laquelle l’église semblait dériver.

Quelques personnes avaient déjà abandonné la Vie et la liberté de l’Evangile pour une religion teintée de tradition humaine et de philosophie. Ils erraient loin de la simplicité de « l’amour, qui vient d’un cœur pur ; d’une bonne conscience et d’une foi sincère » et se tournaient plutôt vers des « discussions vaines » (1 Timothée 1:3-7). Ils avaient développé un « intérêt malsain pour les controverses et les querelles de mots, résultant dans l’envie, les querelles, les médisances, les mauvais soupçons et une friction constante. » Ils étaient désormais des « hommes à la pensée corrompue, qui étaient dénués de la vérité et qui pensaient que la piété était un moyen de profit » (1 Timothée 6:3-5). En fait, le désir de faire de l’argent sur les choses de Dieu semblait être leur motivation principale (Tite 1:10-11). Ils avaient déjà fait « naufrages » de leur propre foi et menaçaient maintenant la foi des autres (1 Timothée 1:18).

Ces personnes étaient encore une petite, mais gênante, minorité. Mais Paul pouvait prévoir le jour, où beaucoup d’autres allaient aussi refuser de « se battre pour la saine doctrine. Au lieu de cela, en fonction de leurs propres désirs, ils se rassembleraient autour d’un grand nombre d’enseignants pour qu’ils leur disent ce qu’ils ‘voudraient entendre’. » Ils « détourneront leurs oreilles de la vérité et se tourneront vers les fables » (2 Timothée 4:3-4).

Les résultats seraient catastrophiques :

« L’Esprit dit clairement que dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi et suivront des esprits séducteurs et des doctrines de démons. De tels enseignements passent par des menteurs hypocrites, dont les consciences ont été brûlées comme avec un fer chaud. Ils interdisent aux gens de se marier et leur ordonnent de s’abstenir de certains aliments, que Dieu a créés pour être reçus avec actions de grâces par ceux qui croient et qui connaissent la vérité. » (1 Timothée 4:13)

Et encore :

« Sache que dans les derniers jours il y aura des temps difficiles, car les hommes seront égoïstes, amis de l’argent, vantards, orgueilleux, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, impies, insensibles, implacables, calomniateurs, violents, cruels, ennemis du bien, traîtres, emportés, aveuglés par l’orgueil, amis du plaisir plutôt que de Dieu. Ils auront l’apparence de la piété mais renieront ce qui en fait la force. Eloigne-toi de ces gens-là. »  (2 Timothée 3:1-5)

Le conseil de Paul à Timothée ? « N’ait rien à faire avec eux. » Paul ne parlait pas d’une « tribulation » dans des siècles lointains, mais d’un temps dont il s’attendait à ce que Timothée vivrait pour le voir. N’oubliez pas, que pour les premiers croyants, les « derniers jours » avaient déjà commencé (Actes 2:17 ; Hébreux 1:2 ; James 5:3).

Comment Paul essaya-il de préparer ces frères—et à travers eux, l’église dans son ensemble—pour cette crise à venir ? Il leur a rappelé les fondements fondamentaux de l’Evangile, qu’il leur avait passé. Il souligna l’importance cruciale de l’ekklesia, « le pilier et le fondement de la vérité, » et fournissait des orientations pratiques pour l’enseignement de ses membres pour qu’ils fonctionnent comme une unité saine. Il a fortement insisté dans chacune des lettres que le leadership est reconnu par le caractère et la fécondité personnelle, non pas conféré par la position ou le titre ou l’office. Et il les prépara à l’avance pour le travail ardu avec certaines des exhortations les plus inspirantes de toute la Bible.

Paul n’avait rien d’un défaitiste. Il resta jusqu’au bout un homme de vision, de foi et d’espérance. Pourtant, comme la première génération de croyants passait le bâton de relais à la seconde, Paul était profondément préoccupé. La victoire finale de l’église était sécurisée ; Dieu « écrasera satan sous leurs pieds. » Mais est-ce que les prochaines générations seraient prêtes à vaincre le méchant ? Est-ce que l’ekklesia resterait un « jardin » où Dieu et l’homme pouvaient marcher dans l’intimité ? Ou est-ce que ça dérivait vers un avenir angoissant ?

Pierre et Jude

D’autres hommes de Dieu méditaient sur les mêmes questions au même moment. Pierre, comme Paul, avait été un participant émerveillé à certains des plus puissants déversements de la puissance de Dieu dans sa ou de toute génération. Pierre avait marché sur l’eau. Il avait vécu le miracle de la Pentecôte. Il avait été délivré de prison par un ange. Il avait vu le Saint-Esprit tomber sur les Gentils. Il avait vu les morts ressuscités—à la fois physiquement et spirituellement. Personne n’a eu à convaincre Pierre de la puissance de Dieu. Il avait vécu dans cette puissance des l’instant où il rencontra Jésus. C’était impossible pour Pierre d’être un pessimiste, et pourtant, alors que sa vie touchait à sa fin, lui aussi, partageait l’inquiétude profonde de Paul que l’église était en route vers une fourche, une bifurcation cruciale dans la route.

Pierre répondit avec deux lettres ouvertes, ne s’adressant pas à un individu ou même une ekklesia spécifique, mais à des croyants à travers la moitié orientale de l’empire Romain. Sa première lettre, écrite vers l’An 64, avait pour but de renforcer les ekklesias dans les fondements de leur foi et de renforcer leur fermeté spirituelle face à la persécution. Mais sa seconde lettre, écrite un ou deux ans plus tard, sonnait une note d’avertissement beaucoup plus urgente. Quelque chose s’était passé—soit dans l’environnement de Pierre ou dans son esprit—pour approfondir sa préoccupation pour l’avenir des ekklesias. Il savait qu’il avait une maigre année avant de « mettre de côté la tente de son corps » (2 Pierre 1:13-14). Il y avait des choses qu’il devait dire avant de quitter la planète.

Pierre commença cette seconde lettre avec des exhortations fortes aux croyants qu’ils « ne ménagent aucun effort » pour « ajouter à leur foi » avec une croissance pratique vers la maturité. Il les a mis au défi de rester fidèle aux prophéties de l’Écriture, ainsi que le témoignage des apôtres. Mais son accent principal était un avertissement puissant sur les défis auxquels ils auront bientôt faire face, comme des faux leaders, des faux enseignants, et des « moqueurs » qui détourneraient tout à fait l’église, si rien n’était vérifié :

«  …il y aura parmi vous de prétendus enseignants. Ils introduiront sournoisement des doctrines qui conduisent à la perdition, allant jusqu’à renier le Maître qui les a rachetés, et ils attireront ainsi sur eux une ruine soudaine. Beaucoup les suivront dans leur immoralité, et la voie de la vérité sera calomniée à cause d’eux. Dans leur soif de posséder, ils vous exploiteront avec des paroles trompeuses, mais leur condamnation menace depuis longtemps et leur ruine ne tardera pas. » (2 Pierre 2:1-3)

Les gens qui lisaient ces paroles étaient des « chers amis » de Pierre, et il était confiant qu’ils « savaient déjà » mieux que de dériver dans la fausse religion. Pourtant, il sentait le besoin pressant de les avertir : « Soyez sur vos gardes, afin que vous ne soyez pas emportés par l’erreur des hommes sans foi ni loi et de tomber de votre position sécurisée. Mais croissez dans la grâce et la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (2 Pierre 3:17-18).

Est-ce que les ekklesias étaient réellement en danger d’être « emportées » par l’erreur religieuse ? Pourraient-ils vraiment « tomber » de leur « position sûre » ?

Pierre n’était pas le seul à le penser. Le demi-frère de Jésus, Jude, écrivit une lettre très similaire, probablement un ou deux ans après Pierre. En fait, Jude pourrait bien avoir lu la lettre de Pierre et envoya sa propre note plus courte pour souligner les avertissements que Pierre avait donnés. Sans aucun doute, Jude exprima les mêmes préoccupations en des termes similaires :

« Bien-aimés, alors que j’avais le vif désir de vous écrire au sujet du salut qui nous est commun, j’ai été contraint de vous envoyer cette lettre, afin de vous encourager à combattre pour la foi transmise aux saints une fois pour toutes. Il s’est en effet glissé parmi vous certains hommes dont la condamnation est écrite depuis longtemps. Ces impies transforment la grâce de notre Dieu en débauche et renient Dieu, le seul Maître, et notre Seigneur Jésus-Christ. »  (Jude 3-4)

Le reste de la lettre courte mais puissante de Jude souligna sa préoccupation que ses « chers amis, » avaient besoin de « se rappeler ce que les apôtres de notre Seigneur Jésus-Christ avaient prédit » : « ‘Dans les derniers temps il y aura des moqueurs qui suivront leurs propres désirs impies’. Ce sont des hommes qui vous divisent, qui suivent de simples instincts naturels et qui n’ont pas l’Esprit » (Jude 17-19).

Jude exhorta ses lecteurs de « s’édifier eux-mêmes dans leur très sainte foi » (Jude 20). Dieu était capable de « les empêcher de tomber » (Jude 24), mais la possibilité de la gravité du monde les attirant, pour les faire tomber de leur position de sécurité, était bien réelle.

L’Auteur d’Hébreux

Vers la même époque, un auteur anonyme écrivit encore une lettre ouverte adressée aux croyants d’origine Juive. Nous l’appelons la lettre aux Hébreux. Nous ne connaissons pas le nom de l’auteur, mais nous savons avec certitude qu’il a eu une révélation profonde de Jésus et un souci tout aussi profond sur l’état actuel et l’orientation future de l’église. Cet écrivain, lui aussi, a senti que les petits coups de ce monde allaient avoir son effet sur les ekklesias. « Nous devons prêter plus d’attention, donc, à ce que nous avons entendu, écrit-il, de sorte que, nous ne soyons pas à la dérive. Car si le message parlé par des anges était exécutoire, et que toute violation et désobéissance recevaient une juste punition, comment échapperons-nous, si nous négligeons un si grand salut ? » (Hébreux 2:1-3)

C’est la même sensation que nous recevons de la dernière lettre de Paul, Pierre, et de Jude : L’église était en danger, car elle était à la dérive, loin de quelque chose d’une importance cruciale.

D’une part, les croyants perdaient leur emprise sur le fondamental, la fondation des enseignements de Jésus et Ses apôtres :

« Nous avons beaucoup à dire à ce sujet, et des choses difficiles à expliquer, parce que vous êtes devenus lents à comprendre. Alors que vous devriez avec le temps être des enseignants, vous en êtes au point d’avoir besoin qu’on vous enseigne les éléments de base de la révélation de Dieu ; vous en êtes arrivés à avoir besoin de lait et non d’une nourriture solide. Or celui qui en est au lait est inexpérimenté dans la parole de justice, car il est un petit enfant. Mais la nourriture solide est pour les adultes, pour ceux qui, en raison de leur expérience, ont le jugement exercé à discerner ce qui est bien et ce qui est mal. » (Hébreux 5:11-14)

L’auteur s’était senti obligé de mettre ses lecteurs en garde contre l’envie de tâter aux faux enseignements : « Ne vous laissez pas emporter par toutes sortes de doctrines étranges. Il est bon pour nos cœurs d’être renforcé par la grâce, non par des aliments de cérémonie, qui ne sont d’aucune valeur à ceux qui les consomment » (Hébreux 13:9).

Les lecteurs étaient également attirés par les tentations mondaines et le péché. L’auteur d’Hébreux leur donna cet avertissement sévère 

« Il est impossible pour ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste, qui ont partagé dans l’Esprit Saint, qui ont goûté à la bonté de la Parole de Dieu et aux puissances de l’âge à venir, s’ils tombent, d’être ramenés à la repentance, car à leur perte, ils crucifient le Fils de Dieu une fois de plus et Le soumettent à l’opprobre public. » (Hébreux 6:1-4)

Un tel langage fort ! Les croyants du premier siècle avaient joui d’une Vie spirituelle puissante. Ils avaient « goûté aux puissances de l’âge à venir. » Combien de Chrétiens depuis ce jour-là, pouvaient honnêtement avoir cette prétention ? Et pourtant, leur position spirituelle était loin d’être assurée.

En plus d’exprimer une profonde préoccupation concernant la direction spirituelle de ses lecteurs, qu’est-ce que l’écrivain Hébreux fit pour les aider à changer les choses ?

Tout d’abord, l’écrivain éleva Jésus, décrivant dans un langage dominant comment Il était à la fois le sacrifice pour le péché et le Grand Prêtre qui a offert ce sacrifice. Les mots « Jésus » et « aujourd’hui » apparaissent à plusieurs reprises dans la lettre. Les lecteurs avaient besoin de comprendre que Jésus était toujours Vivant et toujours Disponible ; qu’un relationnel basé sur le « ici et maintenant » avec Dieu était toujours possible par Lui.

Ensuite, l’écrivain éleva l’importance vitale de l’ekklesia comme la forteresse de Dieu pour vaincre le malin. Si chaque croyant vivait dans l’encouragement et l’exhortation au quotidien des frères et des sœurs, alors l’attirance du péché perdrait son pouvoir de tromper (Hébreux 3:12-14). En outre, chaque membre de l’église devait prendre la responsabilité personnelle d’envisager la façon d’inspirer et de motiver ses frères et sœurs vers l’amour et les bonnes œuvres (Hébreux 10:24-25).

Enfin, l’auteur exhorta ses lecteurs à regarder en arrière sur les héros de la foi pour l’inspiration des défis à venir (Hébreux 11). Ils doivent non seulement tenir leur position, mais aller de l’avant de façon encore plus élevé : « Alors, ne jetez pas votre confiance ; ce sera richement récompensé. Vous devez persévérer afin que, lorsque vous avez fait la volonté de Dieu, vous recevrez ce qu’Il a promis. » (Hébreux 10:35-36).

La nécessité de l’heure, à en juger par toutes ces lettres, était un recentrage volontariste sur la Personne et les enseignements de Jésus ; une loyauté sans faille à la Vie de l’ekklesia locale ; un rejet clair de la tromperie religieuse, et un engagement de tout cœur à aller de l’avant dans la foi.

Jean

Au cours de ses premières années, Jean – « l’apôtre que Jésus aimait »—avait joui d’une profonde amitié avec son Enseignant. Pendant trois ans, la « bande de frères et de sœurs » qui suivait Jésus avait expérimenté « marcher avec Dieu dans la fraîcheur de la journée. » Jean, plus que quiconque, avait saisi l’immense privilège qu’ils avaient reçu. Il n’a jamais été loin de Jésus. Jean avait été avec Jésus sur la Montagne de la Transfiguration et avec Lui sur le Mont des Oliviers. Jean avait été l’un des rares à risquer sa vie en se tenant debout au pied de la croix. Il a également été le tout premier apôtre à croire que Jésus était ressuscité d’entre les morts. Jean, en collaboration avec Pierre, avaient été au premier rang pour proclamer le Christ ressuscité dans toute la Judée et la Samarie. Il avait été un pilier de l’ekklesia à Jérusalem.

Jean savait ce que vivre « ici et maintenant » avec Jésus voulait dire, non seulement quand Jésus vivait dans Son corps physique, mais aussi quand Il vivait dans Son Corps, l’église. Il comprit que c’était d’une importance capitale pour les ekklesias de rejeter la piètre route religieuse et plutôt d’aller même plus en haut avec leur Seigneur.

C’est sans doute pourquoi, comme la première génération de croyants fit place à la deuxième et troisième, que Jean se sentit si profondément préoccupé par ce qu’il voyait. Lui aussi, il sentit une « dérive. » En réponse, il écrivit trois lettres qui sont conservées dans notre Nouveau Testament—deux courtes notes d’avertissements à

des endroits précis, et une longue lettre envoyée aux ekklesias au large. Ce n’est pas un hasard que Jean écrivit ses lettres en même temps que Paul, Pierre et Jude écrivirent sur leurs propres inquiétudes.

Dans la première lettre remarquable, Jean posa en termes clairs une série de tests conçus pour distinguer le Christianisme authentique de la religion simple. Jésus était Réel. Jean L’avait entendu, L’avait vu et L’avait touché. La communion avec Jésus, ici et maintenant pouvait être tout aussi Réel. Mais il fallait vivre dans la lumière – appelant le péché péché, et venir à Jésus pour le pardon dans l’honnêteté et l’exposition, chaque fois que l’obscurité se glissait dans la vie du croyant. Cela signifiait obéir à Jésus dans la vie quotidienne concrète. En fait, cela signifiait de vivre comme Jésus l’avait fait. Cela demandait à la fois un amour constant et un rejet inébranlable– l’amour pour les frères et sœurs, et le rejet du monde et de ses voies. Cela requérait une attente impatiente du retour de Jésus et une recherche passionnée de la pureté pour préparer Sa venue.

Une Vraie relation avec Jésus a toujours changé la vie d’une personne, selon Jean. Après tout, Jésus est venu sur la planète Terre pour « détruire les œuvres du diable. » C’est exactement ce qu’Il ferait quand Il vient dans la vie d’une personne aussi.

Jean était déterminé à faire respecter la norme du Christianisme authentique. Il voulait aussi mettre en garde les croyants contre la fausse religion qui tirait sur l’église. C’était impératif que les ekklesias « ne croient pas tous ceux qui prétendaient parler par l’Esprit. » Au lieu de cela, ils avaient besoin de « les tester pour voir si l’esprit…vient de Dieu. » Car il y avait « beaucoup de faux prophètes dans le monde » (1 Jean 4:1).

Il les exhorta :

« Petits enfants, c’est la dernière heure. Vous avez appris que l’antichrist vient. Or, déjà maintenant, il y a plusieurs antichrists ; par là nous reconnaissons que c’est la dernière heure…Pour votre part, retenez [donc] ce que vous avez entendu dès le commencement. Si ce que vous avez entendu depuis le début demeure en vous, vous demeurerez vous aussi dans le Fils et dans le Père. Et voici ce qu’Il nous a Lui-même promis : c’est la vie éternelle. Je vous ai écrit cela par rapport à ceux qui vous égarent. Quant à vous, l’onction que vous avez reçue de Christ demeure en vous et vous n’avez pas besoin qu’on vous enseigne. Au contraire, puisque la même onction vous enseigne sur toute chose, qu’elle est véridique et dépourvue de mensonge—demeurerez en Lui comme elle vous l’a appris. » (1 Jean 2:18-27)

Il écrivit la même note d’avertissement dans une lettre brève à une ekklesia locale spécifique, une écriture que nous appelons maintenant 2 Jean.

« En effet, de nombreux imposteurs sont venus dans le monde ; ils ne reconnaissent pas que Jésus est le Messie venu en homme. Voilà ce qui caractérise l’imposteur et l’antichrist. Faites attention à vous-mêmes. Ainsi nous ne perdrons pas le fruit de notre travail mais recevrons une pleine récompense. Quiconque s’écarte de ce chemin et ne demeure pas dans l’enseignement de Christ n’a pas Dieu ; celui qui demeure dans l’enseignement [de Christ] a le Père et le Fils. Si quelqu’un vient chez vous et n’apporte pas cet enseignement, ne le prenez pas chez vous et ne le saluez pas, car celui qui le salue s’associe à ses mauvaises œuvres. » (2 Jean 7-11)

Il y avait une rumeur qui circulait dans tout le premier siècle que Jean ne mourrait jamais, mais resterait sur terre jusqu’au retour de Jésus. Jean savait différemment. Il s’était rendu compte combien court de jours à vivre il lui restait. Il avait également réalisé la gravité du danger que l’église était déjà en train de faire face à l’attraction gravitationnelle du monde et à la religion de chair humaine. C’est pourquoi il travaillait si dur pour rééquilibrer la compréhension des croyants sur la signification de ce qu’était le Christianisme. Il y avait un danger réel que quelque chose de si immensément précieux—quelque chose que Jean avait entendu, vu et touché—pouvait effectivement être oublié dans les générations à venir.

Jésus Lui-même

Les années passèrent. La fin du premier siècle approchait rapidement. Pierre et Paul avaient depuis longtemps « été promus » à une résidence à temps plein dans les royaumes célestes. Pratiquement toute la première génération de disciples avait quitté la planète Terre aussi. Jean était l’un des rares qui restait. Alors que l’âgé « disciple que Jésus aimait » était en exil sur l’île de Patmos, son Maître décida de lui donner une dernière mission : écrire ce que nous appelons maintenant l’Apocalypse.

Jésus commença Sa visite avec Jean en dictant sept lettres remarquables, adressées à sept ekklesias locales d’Asie Mineure. Ce n’était pas signé par Jean cette fois, mais par Jésus Lui-même. Ces lettres donnent un aperçu de « l’état de l’église » dans toute cette région vers l’année 90 après J-C. L’image composite est inquiétante : cinq des sept ekklesias reçoivent un avertissement ou réprimande de Jésus.

Il y a au moins deux tendances inquiétantes. Tout d’abord, il y avait une descente générale vers les faux enseignements. Ce que les apôtres avaient vu était déjà amorcé. De faux apôtres, les « Nicolaïtes » et « Jézabel » essayaient de répandre des mensonges comme une sorte de « grand secret. » Ils attiraient beaucoup à des notions païennes de la « religion mystère » qui fondamentalement ne s’élevait à rien de plus qu’une satisfaction des appétits charnels. Ces faux docteurs faisaient une percée inquiétante dans plusieurs des ekklesias, et dans la plupart d’entre eux, ils étaient « tolérés. » Jésus n’était pas content.

Deuxièmement, il y avait une léthargie spirituelle rampante et l’ennui qui commençaient à s’installer. Jésus reprocha une ekklesia d’être morte, une autre d’être tiède, et une troisième d’abandonner son premier amour. Les ekklesias avaient largement ignoré les avertissements des apôtres et des prophètes. Ils permirent la gravité du monde païen à les tirer vers le bas, à son niveau. Quelque chose devait être fait, et bientôt. Jésus leur a supplié : « N’oubliez pas la hauteur dont vous êtes tombés ! Repentez-vous et faites les choses que vous avez faites au début. »

Jésus a ensuite émis un avertissement qui comprenait certaines paroles les plus alarmantes des Écriture : « Si vous ne vous repentez pas, Je viendrai à toi pour retirer ton chandelier de sa place » (Apocalypse 2:5).

Le terme « chandelier » est une image de mot qui se tenait pour l’identité de ces assemblées locales de croyants comme les ekklesias aux yeux de Dieu (voir Apocalypse 1:12-20). Quand Jésus parla d’enlever leur chandelier, Il les avertissait que si leur déclin spirituel continuait, au moins une des sept églises perdrait bientôt le droit d’être appelé ekklesia ! Ils pourraient continuer indéfiniment comme une société religieuse, mais ils ne seraient plus une église véritable. Jésus ne viendrait plus marcher dans l’amitié et intimité parmi eux.

Ce serait de nouveau le paradis perdu.

Cela avait été un siècle remarquable, commençant par la naissance de Jésus, continuant avec Sa vie, Sa mort et Sa résurrection, progressant en établissant l’ekklesia comme Sa maison sur la terre, et culminant avec la propagation de la vie de l’ekklesia dans le monde Romain. Pendant ces quelques années remarquables, Dieu avait inversé la malédiction qui pesait sur la race humaine depuis des millénaires.

Mais que ferait cette nouvelle race d’humanité avec ce don précieux ? Alors que le prochain siècle commençait, allaient-ils atteindre de nouveaux sommets avec Dieu ? Ou permettraient-ils à la gravité de les faire glisser vers le bas de leur « position de sécurité » en Jésus ?

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